Indonésie

Puissance de l eau a Bali

Bali, bah l'eau (du 20 au 29 janvier)

Bali. Somewhere, under the rain. Bali c'est beau. Entre les gouttes. Selon le calendrier balinais*, nous débarquons au plus fort de la saison des pluies. Au pluriel. Rien que de l'eau, de l'eau de pluie, de l'eau de là-haut. Un son et lumière orchestré par Dieu Le Père, un crachin à faire pâlir un cumulonimbus bretonnant. Même Sébastien Follin l'aurait prédit. Nous apprenons que l'humidité dans l'atmosphère est de 100% ?! Des auréoles improbables se dessinent sur nos vêtements. Je crois reconnaître le Kurdistan. Comme l'oxygène que l'on respire, l'eau est ici plus que vitale, elle est sacrée. Elle se dit "air". Elle lave les corps et les esprits, elle abreuve les rizières. Une fenêtre méteo favorable et, ni une, ni deux, on se purifie dans une eau translucide à 28 degrés avec bon nombre d'australiens composés, eux-mêmes, à 90% d'H²O.

 

*Selon le calendrier balinais, ce mois-ci, il fallait se purifier le 4, chasser le 7, éventuellement castrer un animal le 9, se couper les cheveux le 11, planter du riz le 18, aborder une nana le 21, apprendre à danser le 22. Il n'est pas trop tard pour planter un pommier, le 29, et démarrer un business le 30. Pour tous ceux qui souhaitaient se marier ou construire une ruche, il faudra attendre février.

Marie Duval a volcan Bromo sur Java

Walking on the moon (du 14 au 19 janvier)

Dans la foulée de Neil, Tintin et Sting, vous le croyez ou non mais on a marché sur la Lune. Composée de 4 Indonésiens, de 3 français et d'un Autrichien, la mission internationale stationne à Cemero, non loin d'un cratère baptisé Bromo. On entame l'exploration d'une mer de sable noir, embrumée, mélancolique, désolée, désertique. La température ne dépasse pas les 5 degrés. Et ce silence. Silence obstiné, pudique, absolu, profond. Un de ces silences qui vous met la pression. Une pression élevée. L'oxygène vient à manquer. On progresse à vue, péniblement. Avant de tomber nez à nez avec un mégot, encore fumant. Avant de buter sur un paquet de Choco Pie, décidément. Avant de marcher sur... une crotte ?! Déplaisant. Une crotte sur laquelle ont élu domicile des Agaricus bisporus, autrement dit des champignons de Paris. Un petit pas pour le pied droit, un grand pas pour s'en écarter. Des preuves répugnantes que cette planète est habitée.

Bus Indonesie

Flipping Bus (vendredi 13 janvier)

Ils appellent ça "sleeping bus", traduire "bus de nuit", comprendre "bus fantôme" ou "autocar de l'horreur", attraction phare d'Indonésie. Tentés par le diable, on se procure fissa deux tickets pour l'enfer et on prend place dans le carrousel de la terreur. L'attente est longue, l'angoisse monte. Les portes grincent puis claquent. On assiste, impuissants, à l'allumage de la bête infernale pour 15 heures de stress et de détresse. Désormais impossible de faire machine arrière. On serre les dents et on cherche une ceinture imaginaire. Une musique démoniaque, à mi-chemin entre René La Taupe et P. Sébastien, ajoute à l'ambiance macabre. Les crânes dodelinent de concert au rythme des impacts d'un sinistre pompon contre le pare-brise fêlé, une tête d'indien réduite qui semble nous fixer. Suspensions en suspend, le vieux coucou affiche une allure vertigineuse de 30km/h, à flanc de volcan. La vieille carcasse tremble. À la vue des poids-lourds pleine face, plein phare, à pleine vitesse... Nous aussi. De toute part, l'astronef bariolé révèle des trous desquels sortent colonies de blattes. On dort comme des forains, dans l'allée, à même le sol, un peu en vrac. Une fumée liquoreuse s'échappe des cigarettes locales, notre voisin a la jambe qui suinte, les enfants crient et leurs parents dégobillent. Faut avoir le coeur bien accroché et l'estomac solide. "Terminus !" En pleine nuit, "tout le monde descend !", les yeux soulignés de noir et injectés de sang.

Regis Gasnier sur le Volcan Kerinci (Sumatra)

Baguettes & sacs à dos (du 7 au 12 janvier)

Pour nous, un volcan, c'était un trou dans la purée avec du beurre dedans. Mais ça, c'était avant le Gunung Kerinci, notre crête brulée, notre Mont Blanc... Dans une jungle mousseuse et épaisse, on entame plein pot la grimpette des 3805 mètres. On se laisse reposer par 3 degrés, pour une sortie à 3h30 dans une nuit café crème afin de savourer le lever de soleil. On se couvre de mille-feuilles mais c'est pas de la tarte. Arrivée au sommet, y'a une nouille dans le potage. Au menu, une purée de pois à couper au couteau, sans compter que ça sent le gaz... Pour dédramatiser, Pani fait l'andouille à deux pas de la casserole brûlante, mais la visibilité reste nulle. La pluie est gelée, on deguste. Ça tourne en eau de boudin... Alors, mouillés jusqu'aux oeufs sous l'averse, frustrés, on fait la soupe à la grimace et chemin inverse. On range le matériel et c'est alors que s'offre à nous l'île flottante dans son lait de nuage, par un rayon de soleil providentiel. On s'en remet une louchée ? Nouvelle tentative pour atteindre le sommet et enfin, nous sommes servis. Un grand bol d'air et une vue à couper le souffre. On se régale, on se délecte, on apprécie, oubliant jusqu'à nos genoux en bouillie et nos "jambes-spaghetti".

Indonesian Super Stars (du 2 au 6 janvier )

Un ferry pour limousine. La porte s'ouvre laissant entrevoir une lumière aveuglante. Le temps de lever la tête et de chasser une mèche rebelle pour se rendre compte, à travers lunettes de soleil, que nous étions attendus. Service d'ordre personnel, la police nous guide. À notre passage, les gens, d'un sourire géné, nous dévisagent. Déjà nous devinons les flashs des appareils au terme d'une haie d'honneur en trompe l'oeil... Jamais nous n'aurions imaginé un tel ("hello ! - hello."), un tel accueil. A pied ou en bus, hommes et femmes de 7 à 77 ans nous manifestent ("Where a you From ? - From France.), nous manifestent leur sympathie d'un regard bienveillant. Au départ un peu (Zinedine Zidane ? Thierry Henry."), un peu grisant, cela devient vite lassant, puis dérangeant et enfin ("What's you're name ? Marie."), et enfin vraiment agaçant. Vilaine impression qu'ils nous prennent pour ("'Where do you go ? Walking around."), pour une sorte de colons, de martiens ou même pire ("Are you ready !?" Yeah.), ou même pire, pour des Américains...